Context

Le voisinage fait l’objet de représentations contradictoires :

·         Dans un contexte d’accroissement des mobilités et de développement des communications numériques, son affaiblissement tendrait à produire davantage d’anonymat et d’isolement dans les villes occidentales contemporaines.

  • Les liens de voisinage et de proximité dans un quartier existent-ils toujours?
  • Est-il un simple « résidu relationnel » perdu dans un réseau plus vaste et plus intense de relations entretenues à l’extérieur de son quartier?
  • Ou encore dilué dans un recours aux moyens de communications numériques qui affaiblirait le lien social de proximité?

·         Ou au contraire, le voisinage serait-il surinvesti par certains groupes sociaux et caractérisé par la recherche de l’entre-soi, le séparatisme social ou le communautarisme?

Dans l’opinion publique, le voisinage semble donc être en crise, par défaut ou par excès de relations sociales, et il est accusé de constituer un obstacle à l’intégration des groupes sociaux ou des territoires.
 Aussi, de nombreuses initiatives publiques ou privées ont vu le jour ces dernières années en France – des politiques promouvant la mixité sociale aux communautés numériques de voisinages – visant explicitement à revivifier le lien social local pour « bien vivre » ensemble. Or peu de recherches scientifiques récentes permettent de tester la validité des fondements de ces discours sur le voisinage et l’efficacité de ces actions.

Ce projet propose d’analyser la contribution du voisinage à l’intégration sociale, définie comme le processus par lequel les individus, les groupes sociaux et les territoires occupent une place stable, reconnue et inégalement valorisée dans un ensemble social plus vaste, la société, dont ils partagent à des degrés variables les valeurs et les normes.

En même temps, il ambitionne d’analyser les effets intégrateurs du voisinage : comment les liens faibles et les liens forts s’y articulent-ils ? Quelles sont les dimensions économiques des relations de voisinage ? Quels sont leurs effets socialisateurs selon les contextes résidentiels ? Quelle signification accorder à la recherche de semblables dans le voisinage ?

En contribuant à la connaissance scientifique sur les relations de voisinage et sur leurs rapports avec l’intégration sociale, cette recherche permettra d’éclairer les politiques publiques visant à réduire les inégalités sociales et territoriales (en insistant sur le rôle du numérique dans ces inégalités), d’évaluer les effets des politiques de mixité sociale sur les pratiques de voisinage, et d’améliorer les initiatives publiques et privées relatives aux sociabilités, aux solidarités et aux conflits de voisinage.